QUELQUES IDEES RECUES

 


Dans cette page nous avons relevé et rassemblé non seulement des idées reçues, mais aussi des inexactitudes, des imprécisions concernant les caractéristiques et la place de la pratique corporelle intentionnelle qu’on appelle aujourd’hui de manière globale et indifférenciée Qigong, Daoyin ou encore Yangsheng et qui joue un rôle central dans les enseignements ancestraix et ,la tradition et les arts chinois anciens.

          • La plupart des médias convoient une image inexacte du Qi Gong qu’ils définissent comme une gymnastique douce, une gymnastique chinoise énergétique (ce qui ne signifie du reste pas grand chose) ou encore comme un sport. Or le Qi Gong n’est pas une gymnastique, ni un sport.  Le Qi Gong (dans sa forme originelle, le Dao Yin, terme décrivant mieux les exercices passant par le corpsc onstituant la praxis des enseignements ancestraux et des grands courants de pensée de l’antiquité grecaue et latine ainsi aue chez les premiers chrétiens, voir Pierre Hadot)  est une discipline corporelle intentionnelle, une activité passant par le corps faisant appel au Yi qu’on traduit allègrement par intention. Certes, certains exercices apparaissent en effet comme des mouvements exécutés lentement, mais l’essentiel se situe au niveau du travail mental qui accompagne l’exercice, l’exercice du Yi juste. Mais bientôt on se rend compte que c’est le travail statique qui détient la clé de la progression visant en fait à élargir le champ de conscience, la créativité et la spontanéité. Le cas échéant, le corps ne bouge pas. En outre, la respiration vient soutenir l’exercice du Yi.
          • A propos de l’énergie : Le mot énergie a considérablement évolué au cours de l’histoire, par exemple pour Aristote energeia est la force première en contraste avec dynamis, la force potentielle).  Pär ailleurs, le mot énergie, aujourd’hui dans le langage ordinaire; revêt un caractère typîquement polysémique marqué d’imprécision: il peut en effet signifier force, puissance, impulsion, élan, vigueur, explosion, détermination ou encore volonté…,
            Même en physique, il faudra attendre Max Planck au tounant du XXème siècle, vers 1898, pour qu’une définition de l’énergie se dégage clairement à partir de sa propriété fondamentale, sa conservation au cours des transformations qui affectent le système étudié : l’énergie se présente dès lors comme une grandeur abstraite attachée à un système qui se caractérise par sa conservation lors des transformations physiques qu’il subit (mouvement, température, réaction chimique,…).
          • Le Qi Gong ne fait pas partie de la médecine chinoise (voir par exemple Ph. Sionneau). La pratique du Qi Gong qu’il conviendrait sans doute d’appeletr plutôt Dao Yin (terme général caractérisant la ou plutôt les praxis que nous préférons pour rappeler la prégnance et leurs liens avec les enseignements de la Tradition) s’est développée et transmise au sein de multiples écoles ou filiations ayant toutes des objectifs, des pratiques et des principes bien précis, voire parfois contradictoires (entre écules).
          • Présenter le Qi Gong comme une méthode de relaxation ou une source de détente dénote pour le moins d’un manque de perspective. En effet la détente n’est qu’un effet corollaire d’une pratique juste.
          • Le Qi Gong authentique (Dao Yin) n’est pas une gymnastique douce, ni un art martial, ni un sport, mais une méthode, une pratique, un entraînement, une approche fondée sur une Tradition de perfectionnement de soi (dans une perspective d’harmonie avec son environnement) et de transmission (à réhabiter à chaque génération) passant par le corps.
          • Les formes « officielles » (simplifiées) actuellement largement enseignées par les Chinois d’aujourd’hui dans le monde entier n’ont d’officiel que la volonté politique  sous-jacente du gouvernement chinois et occultent des pans entiers de la Tradition où se trouvent les racines de la pratique.
          • Il est, selon nous,  à plusieurs endroits inexact ou maladroit de parler de philosophie du Qi Gong: en particulier, en laissant entendre que la pratique assidue du Qi Fong déboucherait sur une « philosophie ». Or, au contraire, le Q Gong (Dao Yin) figure parmi les éléments de la praxis des enseignements ancestraux chinois, au même tire que les « exercices spirituels« , les pratiques corporelles des épicuriens, des stoïciens ou des premiers chrétiens (Pierre Hadot) qu’on refécouvre depuis quelques années. Ainsi, pour chaque école,  ces exercices corporels visent à mettre en oeuvre, au travers de la chair, du corps, les principes de leur theoria, de la doctrine.
          • La notion d’équilibre dans la pratique ne constitue pas vraiment un principe dans la Tradition taoiste : au contraire cette notion est typiquement d’inspiration confucianiste (confucéenne). Elle est également mise en oeuvre dans la plupart des  pratiques à visée médicale  (MTC).  En effet certaines branches taoïstes comme l’école du « Xuan Tau » ont au contraire des objecrtifs différents, à savoir dans ce cas précis  de « traverser le Yin, afin dee cultiver le Yang véritable »…
          • Le Dao ou Tao, est d’abord un mot cjinois, Une bosusceptible d’être traduit de diverses façons (Voie, puiissance d’agir, méthode,….)  Une bonne tradiction du Dao estle fonctionnement des choses. Il est à noter que le Dao  ou Tao n’est pas une notion propre au Taoïsme…
          • La notion d’équilibre Yin-Yang, très présente en médecine chinoise, n’est en aucun cas propre au Taoisme (voir Wang Bi par exemple). Cette notion relève davantage des écoles confucéennes qui prônent une pratique équilibrée…
          • La pensée confucéenne propose, sur le chemin du perfectionnement de soi, d’abord l’éveil par les textes, puis l’affermissement passe par la pratique du rite sans pensées spéculatives, sans attentes, sans volonté de ne pas changer et sans ego
          • La notion de Wu Wei, non intervention (ou non-agir) n’est pars uniquement caractéristique de l’enseignement et de la pratique taoistes. Le non-agir est en effet une notion qui figure en bonne place dans les enseignements confucéens (Bu Wei)
          • A propos du Dao De Jing : Il sgit d’abord très probablement d’une compilation. D’autre part, la datation du Laozi (Dao De Jing) originellement située au VIème siècle avant J-C est historiquement mise en question par de nombreux historiens et chercheurs dès le XVIIème siècle avec Yao Jiheng, puis au XVIIIème par Cui Shou. Plus récemment des historiens comme Liang Qihao (1873-1929), Qian Mu (1895-1990), Feng Yulan (1895-1990) et Gu Jiegan (1893-1990) ont élevé de nombreuses objections jugées arfaitement valables et bien documentées tendant à dater la forme canonique du Laozi à une date jusqu’àaussi tardive que le IIIème siècle avant J-C. Les découvertes d’exemplaires du Laozi notamment sur les sites archéologiques de Mawangdui (1973) et de Guodian (1993) et la comparaison des différents manuscrits découverts tendent désormais à indiquer que la forme canonique du  Laozi ne date pas avant le IIIème siècle avant J-C. Ainsi, aujourd’hui le Laozi a selon la majorité des historiens et philiologues  été probablement  écrit entre 280 et 250 avant J-C. Il serait donc postérieur au Zhuangzi. A suivre…
          • A propos du Lunyu, le livre des Entretiens, ouvrage attribué à Confucius, il convient d’indiquer qu’il existe deux thèses. D’une part, la thèse continuiste largement partagée en Chine populaire (discours officiel à visée politique teinté de néo-nationalisme culturel), selon laquelle les enseignements confucéens se seraient propagés de manière continue par dans la foulée de Zeng Zi rt Zi Si jusqu’à Meng Zi (école Si Meng Xue Pai). Selon cette thèse le Lunu aurait été écrit vers 400 avant notre ère.
            D’autre part la thèse s’appuyant sur l’analyse philologique des textes anciens confrontée aux résultats détaillés et statistiques des découvertes archéologiques qui suggèrent que le Lunyu (tel qu’il se présente) s’est constitué par accrétion ou par concrétion, s’étant tissé à partir de sources diverses. Décisives dans cette vision ont été les découvertes de Dingzhou et de Guodian, ainsi que les manuscrits du Chu du musée de Shanghai. Or, en premier lieu certains passages du Li Ji, du Da Dae Li Ji et d’autres recueils divers contiennent des passages (éléments textuels) analogues au Lunyu utilisés dans différents contextes passés à l’analyse d’intertextulité suggérant leur utilisation dans le cadre de lignées de pratiques… En outre, il est intéressant de noter que selon Wang Zhong et Zhang Xuan, deux lettrés vivant sous les Han orientaux, la taille des fiches de bambou sous les Han était proportionnelle à l’importance estimée des textes. Ainsi les cinq Classiques (Jing) de l’époque étaient alors inscrits sur des fiches de bambou de 3 pieds quatre pouces, les textes semi canoniques comme le Xiao Jing étaitent inscrits sur des fiches de un pied et deux pouces. Quant au Lunyu il était inscrit sur des fiches de huit pouces seulement, suggérant que, progressivement tissé à partir de sources diverses, il était alors considéré comme un texte à vocation d’éducation élémentaire. Ainsi, pour certains, la thèse à propos du Lunyu serait qu’il s’agit d’une compilation probablement de Zhang Yu à la fin des Han occidentaux (Zhang Yu avait servi comme mentor du prince héritier Chang Di, de 51 à 7 avant J-C). Pour d’autres comme Mickael Hunter (Ph.D thesis, Princeton, 2012), le Lunyu daterait de 150 avant notre ère. A noter au passage que le Lunyu n’a commencé à être considéré comme un Classique (Jing) qu’à partir du XIIème-XIIIème siècle.
          • De nombreuses formes de Qi Gong élaborées dans divers centres officiels chinois et promus par diverses fédérations de Qi Gong chinoises portent des noms éminemment évocateurs, sinon prometteurs, du type Qi Ging pour le Foie, Qi Gong pour le Poumon, Wu Wei Qi Gong ou encore Ziran Qi Gong… Il ne s’agit comme nous sommes nombreux à s’en être rendu comte et comme en conviennent parfois, en petit comité certains spécialistes chinois que nous considérons comme authentiques, de Qi Gong « romantiques » , terme toujours « insondable » mais assurément décisif dans la bouche d’un Chinois d’aujourd’hui…
          • Il nous semble prudent de n’utiliser les termes de « lâcher-prise » ou de « bienveeillance » qu’avec beaucoup de préca&ution. Ces termes sont désormais aujourd’hui par trop galvaudés dans les médias et du coup perdent la signification que l’enseignant expérimenté cherche à transmettre de sorte qu’il doit trouver de manière innovante une métaphore adéquate susceptible de rendre la situation, le mouvement, la trajectoire suivie, la nature de l’objet percu et surtout l’état du sujet agissant, à l’image du problème que r00encontrent souvent les traducteurs. Un exemple flagrant pour nous est la traduction de Zhong Yong.
          • La lecture des textes anciens ne présente effectivement aucun intérêt (pour le débutant en Qi Gong). Les textes anciebns essentiellement  polysémiques exigent au préalable une forme d’immersion, d’imprégnation, puis  une interprétation qui passe par une connaissance minimale des termes chinois classiques, de leur étymologie , de la symbolique, de la topologie implicite…  En revanche cette étude est profitable au pratiquant avancé capable de percevoir le sens du non-agir, de la spontanéité et de l’être.
          • Le Zhuangzi a vraisemblablement été écrit entre 325 et 175 avant J.-C. Le texte de Zhuang Zi lui-même (écrit  vers 320 avant J.-C.)  est donc antérieur au Laozi, contrairement aux dires de Sima Qian (Han antérieursà.
          • Le Liezi est aujourd’hui considéré comme un ouvrage tardif, une espèce d’anthologie, où figurent des textes présumés perdus. Il a sans doute a été écrit sous les Jin, (vers 320 après J.-C.)

Quelques notions-clés du Daoyin   . Petit glossaire de Qi Gong     Lectures dirigées & textes

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